Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"

Publié le par Rhiannon

Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"

Dans cette invitation au voyage ...je vous invite à découvrir Emily Brontë,peut être parce qu'elle est plus touchante que Charlotte et Anne...et que je me sens proche de cette personnalité intense , entière et sauvage qu'elle partage avec la nature, où elle a puisé la liberté des mots, qu'elle divinise à travers ses poêmes et son oeuvre unique "Les Hauts de Hurlevent".Dans ce chef-d'oeuvre ,elle a su glorifier les sentiments humains avec justesse et passion .

La douce Emily qui aimait se promener en compagnie de ses chiens (elle vouait un amour sans pareil aux animaux plus qu'à ses semblables ) dans cette lande battue par les vents ,cette lande aux couleurs changeantes,qui aimait les orages et les pluies....Solitaire et entière...et qui écrivait en secret .
Emily et ses "Hauts de Hurlevent"

"Aux seuls hauts du Yorkshire
Le vent s'est fait chair,
Le vent a hurlé
Le vent a battu...."


Née en 1818, soeur de Charlotte et d’Anne, l’une et l’autre romancières, Emily Brontë n’aura dû sa gloire qu’à un seul livre, ces Hauts-de-Hurle-Vent dont la sauvage beauté n’a pas cessé, depuis près de cent ans, de toucher des coeurs plus nombreux. Il y a peu d’exemples d’une telle intensité dans le témoignage. Devant cette oeuvre unique, c’est tout le mystère même de la connaissance par la littérature qui semble se dévoiler. Il aura donc fallu qu’en elle, en elle seule, elle trouvât tout ce qui glorifie et désespère les hommes, qu’elle sût y reconnaître des tentations qu’elle n’a jamais connues, des sentiments à quoi rien ne l’introduisait. Et dans les quelque quatre cents pages de son livre, il aura donc été possible qu’elle enfermât plus de réalité que n’en contiennent les tomes des réalistes. Tout cela dépasse l’intelligence et nous laisse inquiets.
Car tel est le mystère de la grande poésie d’exprimer ce qu’elle n’a jamais appris et de retrouver la vérité humaine à travers le seul drame qui compte, le drame d’être.

Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"
Wuthering Heights et la critique...

En 1847, publié en même temps que Agnès Grey, Wuthering Heights, plus brutal, plus loin des mœurs de l'époque, a suscité de nombreux commentaires. La plupart se plaignaient de la violence et de la vulgarité des scènes et des propos. D'autres se veulent plus nuancés, mais les auteurs de ces critiques l'étaient-ils vraiment? Le Douglas Jerrold's Weekly Newspaper fut l'un des titres qui parvint à préserver toutes les sensibilités, le 15 janvier 1848, il publia la critique suivante:

"Wuthering Heights est un livre étrange, -déconcertant pour la critique traditionnelle ; pourtant il est impossible d'en commencer la lecture et de ne pas la finir ; et presque aussi impossible après de le poser dans un coin et de n'en rien dire... Avec Wuthering Heights, le lecteur est choqué, dégoûté, les détails cruels et inhumains, la haine et la vengeance les plus diaboliques lui donnent presque la nausée, mais bien vite arrivent des passages qui sont un témoignage poignant du pouvoir suprême de l'amour - même chez les démons ayant pris forme humaine. Les femmes, dans ce livre, sont d'une étrange nature, mi-ange, mi-démon, extrêmement attirantes et terribles à la fois, les hommes, eux, sont indescriptibles en dehors du livre lui-même... Nous recommandons vivement à tous nos lecteurs qui aiment la nouveauté de lire cette histoire, car nous pouvons leur promettre qu'ils n'ont encore rien lu de semblable. Ce livre est aussi déconcertant qu'intéressant et si nous en avions la place, nous aurions volontiers consacré un peu plus de temps à l'analyse de cette remarquable histoire, mais c'est à nos lecteurs qu'il revient de décider de quel genre de livre il s'agit."

En laissant le lecteur libre de juger Wuthering Heights, alors que le livre est très controversé, le journaliste ne prend pas parti et s'assure de ne perdre aucun lecteur, aussi bien ceux à qui le roman d'Ellis Bell plut que ceux qui le trouvèrent détestable. Ainsi, même lorsque la critique n'était pas tout à fait négative, les nuances exprimées (ou non exprimées) révèlent toute la gêne que la prose dure d'Emily Brontë dans Wuthering Heights provoqua dans les milieux littéraires.

Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"

Extrait de "Wuthering Heights"

Heatcliff à l'annonce de la mort de Catherine:

_Elle est morte! dit-il.Je ne vous ai pas attendue pour apprendre cela. Rangez donc votre mouchoir....inutile de pleurnicher devant moi. Le diable vous emporte tous! Elle n'a que faire de vos larmes à vous!
C'était à cause de lui autant que d'elle que je pleurais; il nous arrive de nous apitoyer sur des êtres qui n'ont aucun sentiment de cet ordre, ni envers eux-mêmes ni envers autrui. Au premier regard que j'avais posé sur lui, je m'étais rendu compte qu'il avait été mis au courant de la catastrophe; l'idée sotte m'était venue à l'esprit qu'il avait le coeur subjugué et qu'il priait, parce que ses lèvres remuaient et qu'il avait les yeux baissés vers le sol.
_Oui , elle est morte! répondis-je, réprimant mes sanglots et m'essuyant les joues.Elle est montée au ciel, je l'espère; nous pourrons tous l'y rejoindre, si nous savons entendre l'avertissement et renoncer à nos voies mauvaises pour en suivre de bonnes!
_Avait-elle donc entendu l'avertissement, elle? me demanda Heathcliff, en essayant de ricaner Est-elle morte comme une sainte? Allons, racontez-moi l'histoire véridique de l'évènement.Comment est-ce que....
Il s'efforça de prononcer le nom, mais n'y parvint pas; alors, comprimant ses lèvres, il se livra à un combat silencieux contre sa douleur intime, non sans lancer en même temps un défi à ma sympathie par la fixité de son regard inflexible et farouche.
_Comment est-elle morte? reprit-il enfin....obligé, en dépit de sa dureté, de prendre appui derrière lui, car, après cette lutte, il tremblait malgré lui jusqu'au bout des ongles.
Pauvre misérable! pensais-je; vous avez un coeur et des nerfs tout comme vos frères humains! Pourquoi êtes-vous si désireux de les cacher? Votre orgueil ne saurait aveugler Dieu! Vous vous tentez de les torturer jusqu'à vous arracher un cri d'humiliation.
_Paisiblement, comme un agneau! répondis-je à voix haute.Elle a poussé un soupir et s'est étirée, comme un enfant qui reprend vie avant de sombrer à nouveau dans le sommeil; cinq minutes plus tard, j'ai senti une brève pulsation de son coeur, et ce fut tout!
_Et a t-elle une fois prononcé mon nom? demanda-t-il, non sans hésitation, comme s'il redoutait que la réponse à cette question ne s'accompagnât de détails qu'il n'aurait pas la force de supporter.
_Elle n'a pas un instant repris ses sens; elle n'a reconnu personne à partir du moment où vous l'avez quitté, dis-je. Elle repose avec un doux sourire sur le visage; ses dernières pensées étaient retournées vers les jours heureux d'autrefois. Sa vie s'est achevée dans un rêve plaisant....Puisse t-elle se réveiller aussi agréablement dans l'autre monde!
_Puisse t-elle se réveiller dans les tourments! s'écria t-il avec une véhémence effrayante, en frappant du pied et en gémissant avec un soudain paroxysme de fureur irrépressible. Voyons, elle aura donc menti jusqu'au bout! Où est-elle? Elle n'est pas là bas....elle n'est pas au ciel...elle n'est pas décomposée..où donc? Ah, tu m'as dit que tu ne te souciais pas de mes souffrances! Alors, je ne forme qu'une seule prière....je la répèterai jusqu'à ce que ma langue se fige...Catherine Earnshaw, puisses-tu ne connaître aucun repos tant que je serai vivant! Tu m'as dit que je t'avais tuée...alors, hante-moi! Les victimes hantent bien leurs assassins, je crois. Je sais qu'il est arrivé à des fantômes de venir se promener sur la terre. Sois avec moi sans cesse....prends n'importe quelle forme....; rends-moi fou! Mais seulement ne me laisse pas dans cet abîme, où je ne puis te trouver! Ah, Dieu, c'est inexprimable! Je ne peux pas vivre sans ma vie! Je ne peux pas vivre sans mon âme!
Il donna de violents coups de tête contre le tronc noueux; puis, levant les yeux, poussa un hurlement, non pas d'être humain, mais de bête sauvage aiguillonnée à mort avec des poignards et des lances. Je remarquai plusieurs éclaboussures de sang sur l'écorce de l'arbre et il en avait la main et le front également souillés; il est probable que la scène à laquelle j'avais assisté n'était que la reproduction de scènes analogues jouées pendant la nuit. C'est à peine si elle suscita ma compassion....elle m'épouvanta; cependant, je répugnais à le quitter dans cet état. Mais à l'instant même où il se ressaisit suffisamment pour se rendre compte que je l'observais, il me jeta d'une voix tonitruante l'ordre de m'en aller et je lui obéis. Toute mon habileté n'eût pas suffi à le calmer ou à le réconforter!....

Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"

Dans toute l’oeuvre d’Emily Brontë, roman ou poèmes, les moors sont présents. Éloignée d’eux momentanément, elle les chantait :

Les moors, les moors où l’herbe rare
Étend son velours sous nos pas ;
Les moors, les moors où le ciel clair
Dessine au loin la haute passe ;
Les moors, où le tarin égrène
Son trille sur le granit nu,
Où l’alouette délirante
Exalte nos coeurs de son chant !
Quelle langue dira le trouble
Qui naquit en moi quand, au loin,
Au front d’une lande étrangère
Je vis une bruyère pâle ?
Elle était maigre, et sans couleur,
Elle murmura d’une voix faible :
« La prison et l’exil me tuent,
J’ai fleuri mon dernier été. »

Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"

Cette deuxième poésie évoque le titre d'une chanson de Mr Jean Louis Murat "Au dedans de moi".

Dieu, Dieu au-dedans de moi,
Divinité forte et puissante,
Vie, qui participe à mon être
Comme je participe à toi, vie immortelle !


Les mille Credos sont vains
Qui émeuvent les coeurs des hommes,
Vains comme des herbes séchées
Ou comme l’écume des mers...

D’un amour qui embrasse tout
Ton esprit anime les siècles,
Il me pénètre, il me réchauffe,
Il change, il soutient, il dissout,
Il me suscite et il m’élève.

Si la terre et l’homme passaient,
Si les soleils et les mondes sombraient ;
Et que toi seule demeurasses,
Vie, tout existerait en toi.

Il n’y a point de place pour la Mort,
Sa puissance ne peut anéantir un atome,
Toi, Vie, tu es l’Être et le Souffle,
Et ce que tu es ne peut être détruit.

Emily Brontë...et les "Hauts de Hurlevent"
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
S
...j'adore ce passage ".Catherine Earnshaw, puisses-tu ne connaître aucun repos tant que je serai vivant! Tu m'as dit que je t'avais tuée...alors, hante-moi! Les victimes hantent bien leurs assassins, je crois. Je sais qu'il est arrivé à des fantômes de venir se promener sur la terre. Sois avec moi sans cesse....prends n'importe quelle forme....; rends-moi fou! Mais seulement ne me laisse pas dans cet abîme, où je ne puis te trouver! Ah, Dieu, c'est inexprimable! Je ne peux pas vivre sans ma vie! Je ne peux pas vivre sans mon âme!"
Répondre