La barque des morts

Je ne cherchais pas à comprendre, je ne cherchais pas à savoir, je savais déjà sans doute, rien ne me paraissait étranger.

Les luttes quotidiennes, les angoisses nocturnes comme si j'oubliais de respirer ,chaque nuit je subissais le périple, je naviguais sur la barque des morts .A ce jour, j'avais évité les pièges d'Apophis....sans chercher à m'échapper, pourtant, je survivais et renaissais chaque matin.

Cette impression de tomber dans le vide ; j'avais peur, j'étais effrayée mais j'avançais toujours malgré le peu d'espace, et cette sensation d'étouffement qui ne me quittait jamais,j'avais un ennemi, le temps,je vivais en apnée dans un monde, une époque qui ne m'appartenaient plus, l'empathie était mon lot, une dette karmique ....

Tant d'explications inutiles me confortaient dans l'idée que ces épreuves,l'attente et l'agonie d'un monde en sursis, la douleur des hommes que contenaient mes cris, étaient mon héritage,je me sentais coupable d'exister mais j'ignorais que cette certitude finirait un jour par me faire basculer dans la folie...toujours à la limite... et m'ôter toute raison.La frontière était si fragile entre rêve et réalité....c'était si facile pour moi de m'échapper...de sortir de mon corps pour fuir cette vie ou plutôt cette"petite mort"....

J'essayais ,malgré moi, de m'enraciner à cette terre où j'étais née,mais je restais l'étrangère, l'ombre furtive qui traversait l'existence; cette existence qui ne présageait ni sens , ni but; je m'accrochais désespérément à l'espoir...

je savais... un jour, je serais enfin délivrée...et j'attendais sans crainte, patiemment ma mort...

Rhiannon

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