Extrait tiré du recueil "Le libertin"de Rhiannon Brequeville

Publié le par Rhiannon

Extrait tiré du recueil "Le libertin"de Rhiannon Brequeville

L'homme qui m'a inspiré "Le libertin".....

« Il faudrait restaurer la langue française du XVIII ème siècle, on pourrait presque dire qu’il y a des sentiments qui ont disparu simplement parce qu’on n’utilise plus les mots qui conviennent pour les exprimer ; n’ayant plus les mots pour les recouvrir, les identifier ; ils disparaissent. Et quand les gens sont agités par des sentiments…il y a cette diversité là….Tu as des mots, des formes, des expressions qui n’existent plus ou parce qu’elles sont désuètes, tu ne vas plus les exprimer ; donc la richesse, l’expression de ce que tu ressens vont être vachement limitées. Il y a de l’érotisme dans les mots ; on peut faire monter l’excitation grâce au langage amoureux, une sensation peut être exprimée par les mots … »

Jean Louis Murat

C’est cet homme amoureux des mots qui m’a inspiré ce récit qui je le souhaite fera en sorte que vous apprécierez la langue française et les mots comme nous les apprécions…

Lettre XI: Emeline de Grandval à Hugo de Constant

J’éprouve du plaisir,
Je me ris de l’amour,
Et sur les ventres nus
J’apprends la liberté.
Des chemins où jadis
J’errais, si délicate,
Je me gausse de tout
De verre et d'agate
Mon cœur n’est donc fait.
Je n’ai point froid aux yeux,
Je fais, je le défais,
Je me gausse de tout,
Vous dis-je mon ami,
J’inspire les interdits,
Je fouette l’envie,
Tout n’est que volupté,
Désir, appartenance.
Que pourrais-je donc dire
De plus, pour cette offense ?
Excuser mes propos,
Jouer les prudes arides,
Terre de sienne, mes soupirs
Ne font que respirer
Safran, épice et poivre.
Aurais-je donc le courage
D’exprimer jusqu’au bout
Ce qui me fait envie ?
Je me gausse de tout
Taratata sans cesse,
Je répète et je fesse
A tour de bras les mots
Qui me mordent le séant ;
Il n’y a donc pas outrage ;
Je n’ai point de tourment,

Extrait tiré du recueil "Le libertin"de Rhiannon Brequeville

Oui je suis faite ainsi,
Sans cesse en appétit,
La vie je la savoure,
Délecte avec délice,
Tout ce qui est propice
Au plaisir et au vice
Je n’ose point de refus
A ce que l’on me donne,
J’asperge et je ramone
En tout point l’édifice,
Qui me semble abondant ;
Chaque orifice creux
Est une découverte
J’aime tous les plaisirs
Je n’en fais point l’aumône,
Je prends ce qu’on me donne,
Les mots pensées et gestes
Sont comme une caresse
Que j’emploie sans répit ;
Je ne renie l’amour
Qu’en trépidant parcours.

Je ne veux point aimer ,
Pleurer et ;pardonner
N’est plus de mon ressort
J’aime ce que j’abhorre,
Voilà donc ce fardeau
Que je prêche sans cesse.
Vos prouesses indiscrètes
Et vos assauts mondains
Esquivent ma hardiesse
Où me donnent l’ivresse,
De vous, je ne tente point,
Vous n’êtes qu’un gredin,
Rien qu’un vil imposteur
Qui mime ses ardeurs
Fait en tout point état
De ce qu’il ne fait pas.
Aurais-je perdu la foi ?
J’attends votre trépas.
Taisez-vous mon ami !
Rien ne vous est permis
Et si ce châtiment
Ne vous donne point d’allant
Mon joug sera sévère,
Parjure et mortifère,
Je vous ferais payer
Ce que vous n’osez faire
Vous connaîtrez ainsi
Supplice et volupté ;
Çà je vous le promets
Demain ! Vous oserez…

Emeline de Grandval

Tous droits réservés

Illustrations Auguste Leroux (1871-1954)

Extrait tiré du recueil "Le libertin"de Rhiannon Brequeville

Publié dans Correspondances

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