Voyage aux enfers
Envie de vous revoir,
Que vous pressiez ma main.
Lire dans votre regard
Tous nos jeux oubliés;
Gravir les collines,
Embraser vos vallées;
Suivre la rose des vents.
Retrouver le chemin
De nos âmes vagabondes.
Voyager, traverser
Tous les siècles meurtris.
Marcher parmi les morts
Et conjurer le sort.
Serrer mes blanches mains
Sur la lame assassine,
Et faire couler le sang;
Unir la source divine.
Aux blessures béantes,
Aux entrailles souillées.
Et dans vos yeux éteints,
Y raviver la flamme,
La lumière de vie.
Sur vos champs de bataille,
M'étendre à vos cotés,
Et lever l'oriflamme,
Etendard sacré.
Mon guerrier sacrifié,
Je veux défier la mort
Et vaincre l'anathème.
Arborer vos blasons
Fière de vous servir.
De prendre à mes dépens,
Vos combats , vos défaites.
Continuer à brandir vos couleurs,
vos courages et vos peurs.
Ne plus jamais faillir
Contre vos ennemis;
Devenir Morrigan,
Sur mon char guidé
Aux couleurs rougeoyantes.
Sur un parterre sanglant,
Honorer mon héros,
Et enfin reposer
Aimante à vos côtés.
Tous droits réservés
MAÎTRESSE, EMBRASSE-MOI...
Maîtresse, embrasse-moi, baise-moi, serre-moi,
Haleine contre haleine, échauffe-moi la vie,
Mille et mille baisers donne-moi je te prie,
Amour veut tout sans nombre, amour n'a point de loi.
Baise et rebaise-moi; belle bouche pourquoi
Te gardes-tu là-bas, quand tu seras blêmie,
A baiser (de Pluton ou la femme ou l'amie),
N'ayant plus ni couleur, ni rien semblable à toi?
En vivant presse-moi de tes lèvres de roses,
Bégaye, en me baisant, à lèvres demi-closes
Mille mots tronçonnés, mourant entre mes bras.
Je mourrai dans les tiens, puis, toi ressuscitée,
Je ressusciterai, allons ainsi là-bas,
Le jour tant soit-il court vaut mieux que la nuitée.
CLAUDE DE PONTOUX
(1530-1579)