"La Bacchante" de Pierre-Jean de Béranger

Publié le par Rhiannon

"La Bacchante" de Pierre-Jean de Béranger

J'ai déjà publié un texte de Pierre-Jean de Béranger,"Un mot de plus....ou le séducteur indécent" chanson légère, je dirais même grivoise. Dans l'attente d'une biographie, je vous présente une autre chanson "La Bacchante" beaucoup plus romancée, elle fait partie de son premier recueil (Chansons morales et autres) qui fut publié en 1815 .Ce recueil lui valut l'emprisonnement mais loin d'en démordre cette détention le stimula et le popularisa auprès des plus humbles dont il se sentait proche.

"Je crois inutile d' ajouter aucune réflexion à cette préface du recueil chantant que je publiai à la fin de 1815. J' ai fait depuis quelques tentatives pour étendre le domaine de la chanson. Le succès seul peut les justifier. Des amateurs du genre pourront se plaindre de la gravité de certains sujets que j' ai cru pouvoir traiter. Voici ma réponse : la chanson vit de l' inspiration du moment. Notre époque est sérieuse, même un peu triste : j' ai dû prendre le ton qu' elle m' a donné ; il est probable que je ne l' aurais pas choisi. Je pourrais repousser ainsi plusieurs autres critiques, s' il n' était naturel de penser qu' on accordera trop peu d' attention à ces chansons pour qu' il soit nécessaire de les défendre sérieusement. Un recueil de chansons est et sera toujours un livre sans "conséquence."

Pierre-Jean de Béranger (1780-1857)

"La Bacchante" de Pierre-Jean de Béranger

Les Bacchantes étaient principalement des femmes (mais il existait aussi des Bacchants) qui célébraient les mystères de Dionysos-Bacchus. Les premières qui portèrent ce nom furent les nymphes nourrices de Bacchus, qui le suivirent à la conquête des Indes. Elles couraient çà et là, échevelées, à demi nues ou couvertes de peaux de tigres, la tête couronnée de lierre, le thyrse à la main, dansant et remplissant l'air de cris discordants. Elles se répétaient fréquemment le cri "Evoé", comme pour rappeler les triomphes de Bacchus sur les Géants.

Leur fête, appelée bacchanales, se célébrait autrefois en Grèce, en Egypte, et principalement à Rome .Euripide, dans la tragédie des Bacchantes, a laissé une description détaillée des servantes de Dionysos, au moment où elles vont célébrer les mystères de ce dieu, en proie à l'extase furieuse qu'il leur inspire. À la fin de cette pièce, Penthée est puni pour avoir résisté à Dionysos : les Bacchantes le déchirent avec un acharnement sauvage, y compris Agavé, la propre mère du jeune homme, qui dans son délire, brandit la tête de son fils qu'elle prend pour une tête de lion.

"La Bacchante" de Pierre-Jean de Béranger

La bacchante.

Cher amant, je cède à tes désirs ;
De champagne enivre Julie.
Inventons, s'il se peut, des plaisirs
Des amours épuisons la folie.
Verse-moi ce joyeux poison ;
Mais surtout bois à ta maîtresse :
Je rougirais de mon ivresse
Si tu conservais ta raison.

Vois déjà briller dans mes regards
Tout le feu dont mon sang bouillonne.
Sur ton lit, de mes cheveux épars,
Fleur à fleur vois tomber ma couronne.
Le cristal vient de se briser :
Dieu ! baise ma gorge brûlante,
Et taris l'écume enivrante
Dont tu le plais à l'arroser.

"La Bacchante" de Pierre-Jean de Béranger

Verse encore ; mais pourquoi ces atours
Entre tes baisers et mes charmes ?
Romps ces nœuds, oui, romps-les pour toujours,
Ma pudeur ne connaît plus d'alarmes.
Presse en tes bras mes charmes nus.
Ah ! je sens redoubler mon être !
A l'ardeur qu'en moi tu fais naître,
Ton ardeur ne suffira plus.

Dans mes bras tombe enfin à ton tour ;
Mais, hélas ! tes baisers languissent.
Ne bois plus, et garde à mon amour
Ce nectar où tes feux s'amortissent.
De mes désirs mal apaisés,
Ingrat, si tu pouvais te plaindre,
J'aurai du moins pour les éteindre
Le vin où je les ai puisés.

Illustrations n°3 et 4: Auguste Leroux (1871-1954) dans l'ouvrage "histoire de ma vie" de Giacomo Casanova chevalier de Seingalt

"La Bacchante"texte de Pierre-Jean de Béranger mis en musique et interprété par Jean Louis Bergheaud dit Murat (encore)

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L
Page, évocatrice...(sourire)
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R
Merci Mselle Laurence G....(SOURIRE)